Consommateurs non domestiques : comment vous adapter à la fin des tarifs réglementés de vente de gaz ?

Yvonne Kochanska et Serge Lescoat
Associés – INDAR ENERGY
Intervenants EFE à la formation
«Gérer ses contrats d’électricité et de gaz» les 15 et 16 mai 2014 à Paris
La rédaction Analyse Experts : La fin des tarifs réglementés de vente de gaz est prévue au 31 décembre 2014 : quelles en sont les conséquences et les enjeux pour les consommateurs publics ?

Serge Lescoat et Yvonne Kochanska : Au 1er janvier 2015, il faudra avoir signé un contrat avec un fournisseur. Cela entraîne deux conséquences majeures : dans un premier temps, tous les consommateurs vont vouloir négocier en même temps leurs nouveaux contrats et cela risque de provoquer des goulots d’étranglement de traitement des dossiers.  Dans un second temps, il leur faudra comprendre les différentes terminologies utilisées. Un des points clés est également de savoir prendre une décision rapidement. Un appel d’offre permet d’obtenir des prix le jour de la cotation et pour une durée de temps limitée. Il faudra des contrats adaptés, comme il en existe déjà, mais la décision devra tenir compte de l’évolution des marchés et plus particulièrement de celui du gaz naturel. Une bonne compréhension des marchés sera indispensable pour la prise de décision.

La rédaction Analyse Experts : Afin de maîtriser sa facture, le consommateur doit notamment acheter au prix juste : qu’est-ce que cela implique en pratique ?

Serge Lescoat et Yvonne Kochanska : Le « juste » prix n’existe pas. Il existe un meilleur prix à un instant donné ou il existe des techniques de couverture qui permettent de lisser les décisions de fixation des prix.

Le prix fixe permet de budgétiser, mais il est un risque tout aussi important pour le consommateur que le prix indexé, car les marchés sont volatils, ils montent et baissent. Les différentes maturiées – jour pour le lendemain, le mois, l’année etc…  ont un impact les unes sur les autres et nécessitent une analyse constante pour avoir une vision à terme.

Il faut aussi savoir quelle référence de marché on retient : PEG Nord ou Sud, TTF. Lequel ? En fonction de la zone de livraison, de la liquidité du marché, savoir si on souhaite acheter sur un différentiel interzone Nord/Sud fixe ou variable,  ou si on souhaite avoir une référence sur une formule indexée pétrole ? Ou un mix gaz – pétrole ?

En tout état de cause, la constitution d’une base de données fiable sera nécessaire tant pour suivre les évolutions de marché que pour prendre la décision d’achat à une date donnée. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise période pour acheter.

De nouvelles méthodologies et organisations vont-elles devoir être adoptées ?

Serge Lescoat et Yvonne Kochanska : La connaissance des consommations de chaque site, leurs spécificités, leur métier seront de première importance pour savoir ce que l’on souhaite acheter quotidiennement, mensuellement et par saison. Il faudra savoir anticiper le résultat des travaux qui sont prévus et leur impact sur la courbe de consommation à venir qui est celle qui est achetée. On n’achète pas le passé mais l’avenir.

Il faudra être en mesure de programmer de façon beaucoup plus fine pour obtenir un prix meilleur.

Les travaux d’amélioration induisant des réductions de consommations sont à l’ordre du jour. Il faudra donc mettre en place des équipes transversales (acheteur – gestionnaires techniques – juristes – financier) pour couvrir les nouvelles formes d’achat du gaz naturel.

Le consommateur va se trouver responsabilisé par ses décisions d’achat. Ce qui n’était pas le cas avec les tarifs régulés.

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