Bâtiments performants : vers une amélioration de la QAI ?

IMH

La Rédaction Analyses Experts : Quels sont les enjeux de la qualité de l’air intérieur lors d’opérations de rénovation ou de conception de bâtiments ?

Pascale Sinnaeve : L’éveil à l’importance de la qualité de l’air est récent car complexe. Pourtant une mauvaise qualité entraîne des coûts sanitaires élevés. En France, le coût estimé est à 19 milliards d’euros par an.

Préserver ou améliorer la santé des occupants est la raison principale de l’attention particulière à accorder à la qualité lors de rénovation ou de construction. Ensuite s’enchainent naturellement d’autres préoccupations, telles que les enjeux environnementaux, économiques, énergétiques, ou le dangereux greenwashing.

 

La Rédaction Analyses Experts : Les évolutions réglementaires récentes et à venir vont-elles dans le sens d’une amélioration de la QAI ?

Pascale Sinnaeve : Bien que la santé soit au cœur de l’enjeu de la qualité de l’air, la réglementation est timide. Il est complexe et pourtant indispensable de collecter des données sur l’ensemble des polluants intérieurs nocifs à la santé. En effet, comment peut-on gérer ce que l’on ne mesure pas ?

Par exemple, dans certains établissements recevant un public sensible, ceux-ci doivent ou devront obligatoirement évaluer les moyens d’aération du bâtiment. Le décret d’application du 17 août 2015 a fixé des échéances : 2018, pour les écoles maternelles, élémentaires et crèches ; 2020, pour les accueils de loisirs et les établissements d’enseignement du second degré et 2023, pour les autres établissements. Il faut à présent avancer au niveau des prises de mesures de la qualité de l’aire et élargir des types de bâtiment concernés par la réglementation. Il est nécessaire de réfléchir aux solutions permettant d’être plus proactif face à ces enjeux.

 

La Rédaction Analyses Experts : Quels freins subsistent à une plus grande pénétration des matériaux et produits éco responsables ?

Pascale Sinnaeve : Les freins se situent à différents niveaux. Du côté de l’offre, celle-ci n’est pas toujours très lisible pour l’acheteur, qu’il soit client final ou professionnel du bâtiment. Les labels sont pléthoriques, auto-déclarés ou validés par une tierce partie. Du côté de la demande, bien que l’image des matériaux et produits de construction éco responsables s’améliore, le client final, après réflexion, ne décide pas nécessairement d’acheter « éco responsable ». En effet, face aux diverses contraintes (financières, temps, recherche d’un professionnel compétent etc.), le consommateur hésite et n’applique pas toujours ses valeurs environnementales à ses actes d’achat. Le professionnel, quant à lui, y voit une opportunité ou un obstacle car l’utilisation des matériaux et produits éco responsables requiert des connaissances.

Pascale SINNAEVE
Consultante en environnement et gestion énergétique des bâtiments
EETQ
Animatrice EFE de la formation « Bâtiments basse consommation et énergie positive« , du 3 au 5 juin à Paris