Gérer ses contrats d’électricité et de gaz aux prix de marché : comment s’y prendre ?

Serge Lescoat
Consultant en énergie, Associé
INDAR ENERGY
Intervenant EFE à la formation « Gérer ses contrats d’électricité et de gaz » les 15 et 16 décembre 2014 à Paris

Rédaction Analyse Experts : La fin des tarifs réglementés de vente de gaz est prévue au 31 décembre 2014 et pour l’électricité le 31 décembre 2015 : quelles en sont les conséquences et les enjeux pour les consommateurs publics et privés ?

Serge Lescoat : Les marchés du gaz et de l’électricité s’ouvrent définitivement à la concurrence pour les entreprises. Certains ne verront dans ce passage qu’un temps supplémentaire à passer à la gestion de leur entreprise, d’autres y trouveront une opportunité, en s’impliquant un peu plus sur le sujet, afin d’améliorer leur compétitivité.Mais nous rentrons dans un nouveau monde et la contractualisation sera très importante.

Rédaction Analyse Experts : Afin de maîtriser sa facture, le consommateur doit notamment acheter au prix juste : qu’est-ce que cela implique en pratique ?

Serge Lescoat : Il n’y a pas de « juste » prix. Il y a un prix de marché qui fluctue. Acheter à prix fixe sa fourniture est accepter de figer à un instant T la valeur de son achat, c’est un risque comme un autre, gagnant si le marché monte, perdant si le marché baisse. Cela est vrai pour le gaz et l’électricité. La première décision à prendre sera de définir l’horizon du contrat de fourniture (1, 2, 3 ans). La seconde portera sur le type de prix (prix fixe ou indexé/variable).

Un prix fixe permet de budgétiser, mais il est un risque tout aussi important pour le consommateur que le prix indexé, car les marchés sont volatils, ils montent et baissent. Les différentes maturités (jour pour le lendemain, le mois, l’année etc… ) ont un impact les unes sur les autres et nécessitent une analyse constante pour avoir une vision à terme.

Le prix de l’électricité est fonction des prix de production des différents types de centrales (nucléaire, au gaz, au charbon, fermes éoliennes ou solaire photovoltaïque…). De plus, l’Europe de l’énergie se constitue doucement et les prix français sont liés aux prix des marchés de nos voisins.

En France, les prix dérégulés sont fortement influencés par la fixation de l’ARENH (Accès Réglementé à l’Energie Nucléaire Historique) dont le prix est décidé par les autorités. Ce n’est pas le cas chez nos voisins et il est possible d’acquérir de l’électricité, via les interconnexions, à des prix plus bas. Mais les quantités sont limitées. Limitées aujourd’hui, mais demain avec le développement de ces interconnexions, le mix énergétique ne sera pas que français, il sera européen.

En tout état de cause, la constitution d’une base de données fiables sera nécessaire tant pour suivre les évolutions des marchés que pour prendre la décision d’achat à une date donnée. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise période pour acheter.

Rédaction Analyse Experts : De nouvelles méthodologies et organisations vont-elles devoir être adoptées ?

Serge Lescoat : La connaissance des consommations de chaque site, leurs spécificités, leur métier seront de première importance pour savoir ce que l’on souhaite acheter quotidiennement, mensuellement et par saison. Il faudra savoir anticiper le résultat des travaux qui sont prévus et leur impact sur la courbe de consommation à venir qui est celle qui est achetée. On n’achète pas le passé mais l’avenir.

Pour les sites les plus importants, il faudra être en mesure de programmer de façon beaucoup plus fine pour obtenir un prix meilleur.

Les travaux d’amélioration induisant des réductions de consommations sont à l’ordre du jour. Parce que l’on n’achète pas le passé mais l’avenir, il faudra mettre en place des équipes transversales (acheteur – gestionnaires techniques – juristes – financier) pour couvrir les nouvelles formes d’achat du gaz naturel et d’électricité.

Le consommateur va se trouver responsabilisé par ses décisions d’achat. Ce qui n’était pas le cas avec les tarifs régulés.

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